Ça prend du temps, le changement
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1538 - 21/02/2019
Preuve que le “sport médicament” est une réalité : il existe un dictionnaire. Le Médicosport Santé (disponible en version numérique), sorte de “Vidal du sport” qui répertorie les caractéristiques physiques, physiologiques et mentales de chaque discipline sportive, dans lequel les médecins prescripteurs peuvent piocher pour proposer à leurs patients chroniques l’activité physique la plus adaptée à leur profil. En théorie, les choses sont donc assez claires.
Sur le terrain, certains ont pris le pli. Des médecins prescrivent, des villes se sont organisées pour proposer à leurs habitants une prise en charge adaptée. Certaines fédérations sportives ont fait du développement du sport santé une priorité et multiplient les formations, de façon à pouvoir proposer une pratique sécurisée pour les patients à surveiller de près. Mais la pratique du “sport sur ordonnance” ne s’est pas développée de façon significative, pour de nombreuses raisons : manque de structures où adresser les patients, manque d’information des médecins prescripteurs, visibilité insuffisante des différents acteurs disponibles, absence de prise en charge financière (difficile de demander à un patient en ALD de payer un “soin” alors que justement à ce titre, il est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale), refus de certains patients qui veulent bien “faire du sport, mais pas une activité physique pour les malades”… Il semble y avoir surtout un manque général d’éducation sur le sujet. On verra si la fameuse “Stratégie nationale sport santé” annoncée pour début mars arrive à faire sauter les verrous et booster la pratique.