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La première poussette-trolley Bengali

Guillaume Schoubben
- 26 février 2018

Je suis orthoprothésiste en Belgique. J'ai effectué ma première mission au Bangladesh il y a 10 ans. J'y étais resté 6 mois pour développer un atelier de fabrication d'appareillages et former des Bengalis pour qu'ils puissent fonctionner de manière autonome tout au long de l'année. Je suis retourné à Chakkaria pour la 7e fois du 20 novembre au 4 décembre 2017, sous l’égide de Kinés du Monde.

À chaque mission, je cherche à améliorer les appareillages réalisés au quotidien par l'équipe et à en développer de nouveaux. Au fur et à mesure de mes visites, mes amis Bengalis ont appris à réaliser des attelles de membres inférieurs (qui constituent la majorité de la production), de membres supérieurs, des prothèses et des corsets sièges (le positionnement pourra être amélioré lors des futures missions avec Françoise Girardot et Jacques Grison, tous 2 kinésithérapeutes de métier).

D'où est venue l'idée de ce siège
Lors de nos voyages précédents avec Jacques, qui ne pouvait malheureusement pas m'accompagner la dernière fois, nous avons souvent déplorés le manque d'aides à la mobilité pour enfants. Nous avons longuement discuté, tant sur place qu'en France, de la problématique afin d'établir un cahier des charges le plus complet possible.

Pour débuter, nous nous sommes mis d'accord sur la conception d'un support roulant, permettant de déplacer les sièges sur mesure sur des sentiers très irréguliers, tout en étant pliables pour pouvoir prendre le bus ou le rickshaw, et facilement réalisables avec des tubes en acier soudé.

Un réel travail d'équipe s'est mis en place pour chercher ce qui existait déjà. Jacques a contacté son réseau et nous avons eu beaucoup d'inspiration. Nous avons trouvé l'illustration d'une "brouette" ou "brancard" qui semblait bien convenir, mais l'ONG à l'origine du document a refusé de nous donner plus d'informations à son sujet.

J'ai donc mis l'équipe de mon atelier sur le projet et, après plusieurs essais, nous avons (re)créé "la poussette de nos rêves", en tuyaux de PVC pour le prototype, car c'est plus rapidement modifiable.

J'ai ensuite démonté ce prototype pour l'emmener dans mes bagages.

Obligation de faire du sur mesure
Sur place, j'ai commencé par former l'équipe aux chaises roulantes, en utilisant le Guide pour les services de fauteuils roulants manuels dans les régions à faibles revenus, qui est une formation très complète éditée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Durant 4 jours, toute l'équipe a appris que leur rôle n'était pas de simplement vendre des chaises, mais bien d'évaluer les besoins physiques et environnementaux des patients, sélectionner la meilleure chaise pour chacun, la fabriquer, l'adapter individuellement et apprendre au patient son utilisation et son entretien.

Ils ont aussi compris qu'une "chaise roulante adaptée" doit être adaptée au patient mais aussi à son environnement, et être réparable sur place. C'est pour cela qu'il est délicat d'envoyer là-bas des chaises roulantes européennes d'occasion et que les fauteuils roulants chinois qu'ils vendent pour l'instant aux adultes ne sont pas adaptés.

Avec Débashish, le chef d'atelier (qui a reçu une formation complémentaire en Inde), nous avons amélioré le prototype de poussette, en acier cette fois, et avec l'outillage et les matériaux disponibles sur place, c'était très intéressant de réaliser ce travail ensemble car il s'est réellement approprié le projet et en maîtrise aujourd'hui chaque étape.

Nous avons pu livrer le premier "CDC Trolley" (poussette du Chakkaria Disabilities Center) à une charmante demoiselle de 3 ans qui nous a remerciés de larges sourires.

Désormais, Débashish est à même de fabriquer d'autres "trolleys". Mais notre objectif est de dessiner les plans techniques, les décliner en 3 tailles et offrir la possibilité d'utiliser une assise et dossier en toile. Pour la suite, nous continuerons à développer les aides à la mobilité pour enfants et adultes. Nous reverrons aussi le positionnement des IMC et les corsets sièges.

Guillaume Schoubben, expatrié volontaire pour Kinés du Monde

© D.R.

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