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Déjà les réformes...

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2018,0599:01 - 10/06/2018

Mai 1968, cinquante ans après la première guerre mondiale, dix ans après l’avènement d’une nouvelle république qui devait « libérer la France », voit naître des révoltes étudiantes contre l’autorité universitaire, familiale, etc.

2018, cinquante ans après ce mouvement social d’ampleur, la société n’est plus organisée sur la verticalité patriarcale mais sur des liens devenus transversaux qui laissent place à l’expression personnelle.

1968-2018 : des ressemblances, des différences, qui montrent que l’Histoire est un éternellement recommencement mais qu’elle ne bégaye pas.

Les événements de mai-juin 1968, débutant par des contestations étudiantes, se prolongeant par une paralysie générale, ont ébranlé la France.

Les écoles et les études de kinésithérapie n’ont pas été épargnées. Les perturbations liées au mouvement de grève générale, entamé dès le 2 mai 1968 dans l’enseignement supérieur, vont empêcher le déroulement normal des études. Des examens de fin d’année n’auront pas lieu.

Alors que les jeunes représentaient plus du tiers de la population française, au plus haut sommet de l’État on déclarait solennellement « entendre toutes (les) revendications légitimes (des étudiants) », ce qui se traduira sur le terrain par des actes. La tutelle et l’administration sont aux manettes : à titre exceptionnel on modifie le nombre de sessions du diplôme d’État. Il y aura 1 927 diplômés cette année-là. La première session de l’examen de passage de première en deuxième année, initialement prévue à la fin du deuxième trimestre de l’année scolaire, pourra se dérouler au cours du troisième trimestre de l’année 1968. Quant à la deuxième session, elle est destinée à tous les élèves qui n’auront pas pu se présenter à la première session, « [...] pour quelque cause que ce soit [...] » !

En 2018, pas de mesures dérogatoires pour le diplôme d’État, il n’y a plus d’épreuve ! Et pas de diplômés cette année.

La durée croissante des études a toujours été pour les professionnels un gage d’amélioration des pratiques. En mars 1968, le principe de la troisième année, qui « étalait le programme des études de deux en trois ans », a été accepté par le Conseil supérieur de la kinésithérapie. Il faudra attendre la rentrée scolaire de 1969 pour que la troisième année d’études soit effective. Héritage des avancées obtenues en 1968 ? Dès lors, la quatrième année n’a eu de cesse d’être un objet de négociation avec le politique. La réingénierie de la formation, liée à l’universitarisation, instituera en 2015 une quatrième année d’études dans les instituts en refondant en profondeur le programme. 2019 verra la première promotion de jeunes professionnels au parcours d’études supérieures ainsi allongé.

Les contestations, les protestations des années 60 sont derrière nous. La libération de la société qui a suscité le délitement, peut-être, de certaines valeurs, a permis néanmoins une émancipation dans de nombreux domaines. En 2018, dans un contexte sanitaire tendu, le rêve est-il encore permis ? Ce ne sont plus les idées qui guident la société mais (pour ce qui nous concerne) l’ONDAM. Jusqu’à récemment, personne, parmi les kinésithérapeutes, ne se posait ces questions-là. En 1968, nous étions près de 15 000. En 2018, nous sommes 93 000.

© D.R.


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