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Pauline Roland, à la tête du premier cabinet labellisé Écokiné de France

Photos DR.

Sophie Conrard
- 17 février 2021

Installée à Dijon avec deux confrères, Pauline Roland est la première en France dont le cabinet a été labellisé Écokiné, en décembre dernier. Sensible à la protection de l'environnement depuis toujours, elle souhaitait que cela se traduise aussi dans sa façon d'exercer son métier.



« Adolescente, j'embêtais déjà mes parents pour qu'ils fassent le tri sélectif », se souvient la jeune kinésithérapeute. Alors quand le moment est venu de concevoir un cabinet à son image, elle n'a pas hésité. « C'est bien tombé : l'association Écokiné venait d'être créée, alors nous nous sommes appuyés sur le cahier des charges de leur label pour concevoir notre cabinet éco-responsable », explique-t-elle.

En pratique, ils ont d'abord cherché à diminuer l'empreinte énergétique de leur cabinet en réalisant de nombreux travaux de rénovation (isolation, nouvelle chaudière, changement des fenêtres...), et ont choisi Énercoop comme fournisseur d'énergie. Ils se sont équipés de meubles d'occasion et de matériel reconditionné, et ont opté pour des produits de soin et ménagers bio ou Écocert, des draps d'examen réutilisables, de petits carrés de coton pour se sécher les mains au lavabo. « Chaque patient rapporte son drap personnel chez lui entre 2 séances, pour éviter d'éventuelles contaminations si nous les stockions au cabinet », précise la kinésithérapeute.

 

Ils ont également eu l'idée de choisir un fabricant éco-responsable (le suisse Bacier) pour leurs tenues de travail, toutes assorties. « La mode est un gros pourvoyeur de pollution, nous y sommes particulièrement sensibles. » Leur machine à café n'utilise aucune capsule « et le café est bien meilleur », souligne Pauline Roland. Ils ont installé un bac à compost et trient leurs déchets, cela va de soi. « Celui dont on n'arrive pas à limiter l'impact environnemental, pour l'instant, c'est le masque chirurgical... »

Ils se déplacent à vélo, y compris pour les domiciles, « mais ce n'est pas obligatoire pour avoir le label et je suis consciente que c'est plus facile à faire en ville que quand on doit faire des kilomètres pour aller voir les patients », précise-t-elle.

Une démarche très valorisante auprès des patients

Pour obtenir le label, le cabinet doit être audité par l'association, sur 5 types de critères : la gestion des déchets, de l'électricité, de l'eau, l'utilisation de produits éco-responsables ou faits maison, et la sensibilisation des patients aux sujets environnementaux. La bienveillance entre collègues compte aussi. À l'issue de cet audit, l'association liste les points forts du cabinet et ceux sur lesquels il peut progresser. « Pour nous, c'est la gestion des déchets (il manque une poubelle pour faire le tri sélectif dans la salle d'attente) et l'électricité : nous avions oublié de demander à l'électricien qui a fait les travaux d'installer des ampoules basse consommation, par exemple. Nous les remplacerons progressivement, lorsqu'elles seront hors d'usage. Nous devons aussi prendre l'habitude d'éteindre la lumière quand nous quittons une pièce, ce qui ne va pas de soi quand il fait nuit : un cabinet tout éclairé semble plus accueillant... » Un nouvel audit est programmé 2 ans plus tard, pour faire le point.

En attendant, ils ont reçu un label en bois, fabriqué par un artisan, qui trône désormais dans leur salle d'attente, et ils ne manquent pas une occasion d'expliquer leur démarche à leurs patients, comme ils l'ont fait sur le site du cabinet. « Nous nous sommes aperçus que certains viennent chez nous exprès, quand ils peuvent choisir entre 2 cabinets. Ils sont toujours enthousiastes quand nous leur en parlons, c'est très valorisant pour nous », note Pauline Roland. Ils prévoient d'installer un panneau à l'attention des patients, où ils pourront diffuser différents types d'informations sur la protection de l'environnement.

Ambassadrice de l'association en Bourgogne Franche-Comté

La kinésithérapeute joue désormais un rôle d'ambassadrice du label auprès de ses confrères, pour la région Bourgogne Franche-Comté. Elle est intervenue lors de formations McKenzie où elle est assistante, lors d'une soirée de la Société de physiothérapie de Bourgogne Franche-Comté (SFBFC) sur le climat, et prévoit de le faire dans les IFMK de Dijon, Besançon et Montbéliard, lors de soirées organisées à la demande des étudiants. À plus long terme, elle aimerait faire entrer ce sujet dans le contenu pédagogique. « En tant qu'ambassadrice, mon rôle est de parler du label et d'expliquer aux confrères comment s'y prendre s'ils souhaitent se lancer dans cette démarche, de répondre à leurs questions. Certains ont peur des lessives, par exemple : ils pensent qu'on passe notre vie à laver du linge. Mais ce n'est pas le cas ! Nous utilisons des draps très fins, qui se lavent facilement et sèchent très vite. Je fais une lessive par semaine. Même chose pour les carrés de coton avec lesquels les patients se sèchent les mains : ils sont peu encombrants à stocker, et je fais une lessive par semaine. On m'interroge aussi sur le prix des produits que nous utilisons, pour les soins ou pour le ménage : c'est vrai qu'ils sont un peu plus chers. Les masques made in France sont plus chers aussi, mais c'est un choix. »

 

L'association Écokiné

Son objectif est de mettre en valeur l’impact écologique et social dans la profession de kinésithérapeute. Cet impact peut être vertueux grâce à une prise de conscience et une série de changements au travail. L’association a pour but d’accompagner et valoriser les cabinets souhaitant s’inscrire dans cette démarche positive.

Elle tient un blog où elle délivre des astuces écoresponsables et des interviews de kinésithérapeutes engagés dans cette démarche.

À ce jour, 6 cabinets ont été labellisés Écokiné.

Plus d'infos sur https://www.ecokines.fr/

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