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Au musée du Luxembourg : Le vrai visage des Tudors

Louis XII", atelier de Jean Perréal, vers 1514. 31,8 x 23,8 cm, huile sur bois. Londres, The Royal Collection. "

Damien Regis
Kiné actualité n° 1410 - 25/06/2015

Pour la première fois en France, en partenariat avec la National Portrait Gallery de Londres, une grande exposition est consacrée à l'une des plus fameuses dynasties d'outre-Manche. Plongée dans la vie des Tudors.

Il s'agit d'une famille de légende, entourée d'un long cortège de mythes et de petites histoires que le temps a souvent déformés.
De toutes les dynasties qui se sont succédées sur le trône d'Angleterre, celle des Tudors est de loin la plus intrigante. Entre 1485 et 1603, ces souverains ont durablement marqué l'histoire du royaume, principalement par le caractère iconoclaste de leur vie privée.
L'exposition retrace les grandes heures du règne des Tudors, dans une période de grande mutation et alors que s'élaboraient, par leur volonté, les formes originales de la Renaissance anglaise. Ils sont restés dans l'Histoire sur le plan politique pour avoir conforté la position stratégique de l'Angleterre en Europe, et sur le plan religieux pour avoir rompu avec l'Église catholique et le Pape. Mais ils ont également laissé leur empreinte dans le domaine culturel en mettant au service de leur cour de nombreux artistes venus d'Italie, des Flandres et des contrées germaniques. Cette politique culturelle a été conduite dans le but de bien représenter les souverains, leur famille et les dignitaires de leur cour.

“Élisabeth Ire, dit The Darnley Portrait”,
artiste des Pays-Bas, vers 1575.
113 x 78,7 cm, huile sur bois.
Londres, National Portrait Gallery.
“Le Procès de la reine Catherine dans Henry VIII
de Shakespeare, acte II, scène 4”,
par Henry Andrews, 1831.
92,7 x 85,7 cm, huile sur toile.
Royal Shakespeare Company Collection, Stratford-upon-Avon.

Art et diplomatie
Ce sont les portraits les plus emblématiques des cinq Tudors qui constituent le cœur de l'exposition du musée du Luxembourg. D'abord les représentations d'Henri VII, le fondateur de la dynastie, puis d'Henri VIII, d'Édouard VI ("l'enfant roi"), de Marie 1re et de la fameuse Élisabeth 1re, la "reine vierge" aux nombreux amants. Ce face-à-face avec ces personnages hauts en couleur permet de feuilleter le grand livre de l'histoire anglaise du 16e siècle, en découvrant les riches heures de la Renaissance, les spécificités et les subtilités de l'art britannique, sans oublier les grands évènements qui ont marqué le règne des Tudors. S'y ajoutent des objets personnels des souverains pour mieux montrer le faste de leur règne.
Ce regard porté sur les Tudors donne aussi l'occasion de revenir sur les rapports entretenus entre la France et l'Angleterre. De conflits ouverts en recherches d'alliances, ce 16e siècle fut marqué pour les deux nations par d'importants échanges artistiques dans lesquels le portrait, la miniature en particulier, joue un rôle essentiel. De nombreuses œuvres témoignent aussi des moments clés de l'histoire des relations diplomatiques entre les deux pays : la rivalité entre Henri VIII et François 1er, leur fameuse rencontre au camp du Drap d'Or, les projets de mariage non aboutis entre Élisabeth 1re et l'un ou l'autre des fils de Catherine de Médicis. On voit aussi des œuvres qui évoquent la menace que fit planer Marie Stuart, reine d'Écosse (et un temps reine de France), sur le règne d'Élisabeth 1re. 

“Anne de Boleyn à la Tour de Londres
dans les premiers moments de son arrestation”,
par Édouard Cibot, 1835.
162,5 x 129,4 cm, huile sur toile.
Musée Rolin, Autun.
“Henri VIII”, d’après Hans Holbein le Jeune,
1540-1550.

238,3 x 122,1 cm, huile sur bois.
West Sussex,Petworth House, National Trust.

De la scène à l'écran
La partie la plus ludique de l'exposition montre la construction de la légende des Tudors, de la scène à l'écran. Une légende largement inspirée des excès de la vie privée attribués aux souverains, par exemple les mariages multiples d'Henri VIII et, par contraste, le célibat de la reine Élisabeth 1re, faussement surnommée "la reine vierge" alors qu'elle appréciait pourtant la compagnie des hommes.
Ces fantasmes autour des Tudors ont émergé en France au 19e siècle, lorsque Paris et ses intellectuels s'intéressent à l'histoire de l'Angleterre et découvrent Shakespeare et Walter Scott. Sur la scène des grands théâtres de la capitale, les plus grands interprètes font revivre Henri VIII et ses épouses, sur des textes de Victor Hugo ou d'Alexandre Dumas. Même chose avec les opéras de Camille Saint-Saëns et de Donizetti. Jusqu'au moment où les Tudors arrivent au cinéma, avec Sarah Bernhardt dans le rôle d'Élisabeth, en 1912, ou plus récemment Cate Blanchett.

Jusqu'au 19 juillet 2015
Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard
75006 Paris
Tél. : 01 42 22 03 39 et
www.museeduluxembourg.fr

© Royal Collection Trust/© Her Majesty Queen Elizabeth II 2014
© National Portrait Gallery, London, England
© Royal Shakespeare Company Collection, Stratford-upon-Avon, Warwickshire / Bridgeman Images
© Musee Rolin, Autun, France / Bridgeman Images
© West Sussex, Petworth House, National Trust

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