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Sur la rive gauche du Rhin :
Strasbourg et son art de vivre

La petite France.

Damien Regis
Kiné actualité n° 1421 - 29/10/2015

La capitale alsacienne est l'une des métropoles françaises les plus attachantes. Au-delà de son architecture remarquable et de sa population très accueillante, ce sont les blessures de l'Histoire qui donne à la ville sa vraie dimension.

La richesse de son centre-ville lui a valu d’être classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. Et sa position de capitale de l’Europe lui assure désormais une notoriété planétaire puisqu’elle est l’une des trois seules cités au monde, avec Genève et New York, à abriter des institutions internationales sans être capitale d’État. Strasbourg se trouve donc sur la longue route de l’Histoire, de celle très ancienne dont témoignent ses riches monuments et de celle du futur puisque s’y écrit page à page l’épopée du continent européen.

Quoi que l’on fasse, à Strasbourg, c’est bien la flèche de la cathédrale Notre-Dame qui s’impose en majesté, cette dentelle de pierre où la 2e division blindée de Leclerc accrocha le drapeau français après la libération de la ville à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Croyants ou non, les visiteurs la classent parmi les plus belles églises au monde. Chef-d’œuvre absolu de l’art gothique, l’édifice actuel a été bâti sur l’emplacement d’une ancienne cathédrale romane dont il ne reste rien, sauf la crypte et quelques éléments du sous-bassement. L’actuelle flèche de pierre très finement ciselée a été achevée en 1439. Avec ses 142 mètres, elle fut jusqu’au 19e siècle l’édifice le plus haut de toute la chrétienté. Un escalier de 332 marches permet d’accéder à une plateforme d’où l’on domine toute la ville et bien au-delà.

Le marché de Noël au pied de la cathédrale.

“Prodige du gigantesque et du délicat” selon Victor Hugo, la façade de grès rose est d’une beauté à couper le souffle. Son immense rosace en vitrail et ses centaines de statues nichées entre d’élégantes colonnettes de pierre travaillée composent un fabuleux livre d’histoire du Moyen-Âge. L’horloge astronomique d’époque Renaissance, dont l’ingénieux mécanisme date de 1842, est une vraie curiosité avec son défilé des apôtres, chaque jour à 12h30. À l’intérieur de la cathédrale, il faut surtout voir les orgues monumentales avec leurs automates et les très beaux vitraux des 12e, 13e et 14e siècles.

Incontournable Petite France
Sur la place de la cathédrale, la Maison Hammerzell reste le joyau du vieux quartier pittoresque. Elle porte le nom de l’épicier qui en était le propriétaire au 19e siècle mais sa construction date de 1467. Seul le rez-de-chaussée est de cette époque. Les trois étages en encorbellement et les trois autres en combles, qui offrent une architecture superbe, ont été construits en 1589. Le riche décor de la façade, qui marie profane et sacré, est inspiré de la Bible, de l’antiquité gréco-romaine et du Moyen-Âge !

Quartier le plus pittoresque (et le plus visité) du vieux Strasbourg, la Petite France mérite d’être parcourue à pas lents. C’est un lieu très romantique à fleur d’eau, dont les remarquables maisons à colombages datent des 16e et 17e siècles. En été, quand les géraniums rouges ourlent fenêtres et balcons et que les grands cygnes blancs glissent sur les canaux, savourer une bière locale en terrasse est un vrai bonheur.

Le Parlement européen.

C’est ici que travaillaient autrefois pêcheurs, meuniers et tanneurs. Les fenêtres percées dans les toits pour le séchage des peaux sont toujours là. Dans le prolongement du quartier, il faut voir les fameux Ponts couverts, qui ont gardé leur nom malgré la disparition de leur toiture. Les quatre tours du 14e siècle sont les vestiges des anciens remparts qui protégeaient alors la République strasbourgeoise. Quand la ville fut rattachée à la France, Vauban la dota d’une nouvelle ceinture fortifiée. Et aussi d’un spectaculaire barrage dont l’écluse permettait de noyer le sud de la ville en cas d’invasion. Une plateforme permet aujourd’hui au visiteur de dominer tout le site.

Le cœur de l’Europe
Pour ceux qui aiment les musées, le plus original est le château Vodou [1] qui abrite la plus grande collection privée au monde d’objets vodou ouest-africains. Étonnement garanti. Le plus classique est le palais Rohan, ancienne demeure du cardinal de Rohan-Soubise, prince-évêque de Strasbourg. Dans ce majestueux bâtiment sont installés le musée des Beaux-Arts et celui des Arts décoratifs. Nous préférons la visite du Musée alsacien, installé dans de belles maisons traditionnelles et qui reconstitue la vie des autochtones à travers les âges, de l’Alsace des vallées à celle des plaines en passant par les vignobles. Ceux que l’Europe et ses institutions passionnent peuvent visiter le siège du Parlement européen, y compris le grand hémicycle où les élus se réunissent chaque mois (pour réserver : epstrasbourg@europarl.europa.eu) et le Conseil de l’Europe, qui rassemble 47 États membres et dont il faut faire partie pour rejoindre l’Union européenne (visites@coe.int). Pro- et anti-européens se mettront d’accord pour apprécier la gastronomie alsacienne : foie gras, choucroute, salaisons, gâteaux, bières artisanales, vins blancs… Nous avions recommandé le restaurant “Chez Yvonne” en 2012 [2]. Nous confirmons ce choix !

[1] Le terme de “vodou” s’écrit “vodoun” au Bénin, “vaudou” en Haïti et “voodoo” en Louisiane.
[2] Ka n°1293 p. 30.

EN SAVOIR PLUS

Le marché de Noël de Strasbourg, l’un des plus vieux et des plus grands d’Europe, se tiendra du 27 novembre au 31 décembre.
Il attire chaque année près de deux millions de visiteurs.
Renseignements à l’Office du Tourisme (www.otstrasbourg.fr)

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