Se former, s'informer, s'entourer...

Thérapies manuelles du rachis (2e partie)

Jacques Vaillant
Kinésithér Scient 2013,539:39-40 - 10/01/2013

Revue systématique des études coût-efficacité

Partant du constat, comme les auteurs précédents, que la thérapie manuelle du rachis (TMR) est fréquemment utilisée par les professionnels de la santé pour gérer la douleur vertébrale, et constatant également que de nombreux traitements ont des résultats comparables à la TMR, Michaleff et al. [4] montrent que la nécessité de déterminer le rapport coût-efficacité de ces traitements est une priorité de la recherche.

L’objectif du travail présenté était d’étudier comparativement le rapport coût-efficacité de la TMR par rapport aux autres options de traitement pour les personnes souffrant de douleur vertébrale de n'importe quelle durée. Pour ce faire, les auteurs ont réalisé une revue de littérature.

La méthode était la suivante : recherche dans 8 bases de données cliniques et économiques et les listes de référence des examens systématiques pertinents. Étaient inclus les évaluations économiques complètes menées aux côtés des essais contrôlés randomisés avec au moins un bras TMR.

Deux des auteurs ont indépendamment examiné les résultats de recherche, extrait les données et évalué des risques de biais en utilisant le CHEC-List (tab. I).

Tableau I
CHEC-List listant les critères de qualité des études de coût, traduit de Hurwitz [3]

Au final, 6 analyses coût-efficacité et coût-utilité ont été incluses. Toutes les études avaient un faible risque de biais marquant 16/19 sur le CHEC-List. La TMR a été trouvée rentable dans la gestion des douleurs cervicales et dorsales lorsqu'elle est utilisée seule ou en combinaison avec d'autres techniques par rapport aux groupes de soins, exercice et physiothérapie.

Michaleff et al. concluent que, dans la pratique clinique, la TMR présente un coût-efficacité satisfaisant lorsqu'elle est utilisée seule ou en combinaison avec d'autres approches de traitement. Cependant, comme cette conclusion se fonde principalement sur des études isolées, il est nécessaire de promouvoir des travaux de recherche de qualité plus élevée pour déterminer si ces résultats sont applicables dans d'autres contextes.

Figure 2
Asymétrie du réflexe d'étirement avant et après thérapie manuelle non trustée, d'après Goss et al. [5]

Goss et al. [5] présentent une étude dont le but était de déterminer si la thérapie manuelle du rachis (TMR) non trustée atténuait les différences entre les deux côtés (asymétrie) au niveau de l'amplitude réflexe d'étirement des érecteurs du rachis (erector spinae - ES). L’étude était effectuée chez 9 patients atteints de lombalgie chronique.

Les auteurs ont utilisé une stimulation électromécanique pour susciter des réflexes d'étirement court temps de latence dans les muscles erector spinae avant et après des TMR non trustées. Une grande asymétrie dans les amplitudes du réflexe a été observée au départ. Du côté où il était le plus élevé, les amplitudes du réflexe étaient 100,2 ± 28,2 % plus grandes (en valeur) que du côté le moins élevé.

Après l'intervention, cette asymétrie du réflexe d’étirement a été réduite (de 100,2 ± 28,2 % à 36,6 ± 23,1 %, p = 0,03) (fig. 2). Ce changement est principalement attribuable à une amplitude réduite du côté qui était plus élevé au départ (réduction de 35 % après le traitement, p = 0,05), alors qu'aucun changement au fil du temps n'a été observé de l’autre côté (p = 0,23). En outre, il n'y avait pas de différence entre les côtés respectifs après l'intervention (p = 0,38), ce qui indique que l'asymétrie a été normalisée à la suite du traitement.

Ces résultats permettent de mieux comprendre le mécanisme d'action des TMR non trustées, et suggèrent qu’elles modulent vers le bas la tension des fuseaux neuromusculaires et/ou la voie réflexe.

En fin de compte, les auteurs soulignent que ce travail qui permet une meilleure compréhension des effets physiologiques de thérapies manuelles aidera à optimiser les stratégies de traitement pour les patients souffrant de lombalgie.

BIBLIOGRAPHIE (suite)

[4] Michaleff ZA, Lin C-WC, Maher CG, Van Tulder MW. Spinal manipulation epidemiology: systematic review of cost effectiveness studies. Journal of Electromyography & Kinesiology 2012 Oct;22(5):655-62.
[5] Goss DA, Thomas JS, Walkowski S, Clark SC, Licciardone JC, Yue GH, Clark BC. Non-thrust manual therapy reduces erector spinaeshort-latency stretch reflex asymmetries in patients with chronic low back pain. Journal of Electromyography & Kinesiology 2012 Oct;22(5): 663-669.


Tous les articles
Nous vous suggérons aussi...

Massages réflexes et lombalgies

François Zimmermann Kinésithér Scient 2016,0577:13-16 - 10/06/2016
Les techniques de massages réflexes pourraient avoir une place de choix lors de la prise en charge de patients souffrants de lombalgies.
L'origine de la lombalgie n'est pas toujours mécanique, elle peut être aussi viscérale. La démarche...