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L'intention thérapeutique, l'intuition soignante

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2013,541:01 - 10/03/2013

"État d'être et de bien-être", la santé, telle que la définit l'OMS, n'est pas seulement l'absence de maladie ou de handicap. La bonne ou la mauvaise santé relève donc du sentiment individuel subjectif.

Est-ce par choix personnel ou parce qu'il n’a pas toutes les réponses à ses attentes que le patient se tourne vers des approches thérapeutiques "douces", "parallèles", ou "complémentaires" ? Celui qui a recours à ces traitements non conventionnels, dont les prestations ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale, ne cherche-t-il pas à s'offrir son bien-être comme si l'argent en était la clé ?

L'effet placebo, la psychothérapie manuelle, précédant l'efficacité thérapeutique poussent, parfois par défaut, des patients vers des acteurs de moins en moins médecins, de moins en moins kinési­thérapeutes... La fascination pour des méthodes s'appuyant sur des savoirs exotiques ou ancestraux résiste au temps !

L'approche globale (donc plus humaine) rassure ! Mais le problème se pose lorsque derrière une technique manuelle intuitive se découvre une doctrine. Cette médecine de santé, qui utilise des techniques qui servent à tout et à tout le monde, ne génère-t-elle pas d'autres types de patients, d'autres manières d'être "malade" ?

En s'appuyant certainement sur l'adage "Primum non nocere", ces méthodes non conventionnelles ne savent pas qu'au XXIe siècle il ne s'agit plus "de ne pas empêcher une possible bonne évolution naturelle des choses". La progression des possibilités diagnostiques et thérapeutiques nécessite, au contraire, d'agir en toute connaissance de cause, en mettant en balance les moyens avec des dangers potentiels qu'ils représentent pour le malade.

La kinésithérapie, dont la formation s'universitarise, ne peut pas s'éloigner du modèle médical académique. Tout comme la médecine de soin, enseignée et validée sur la base des méthodes scientifiques "reconnues", elle n'a pas à réinventer les maladies ! Pour gagner ses galons de respectabilité scientifique, elle doit se confronter au système des preuves, même si la reproductibilité des résultats reste difficile à obtenir, lorsque chaque kinési­thérapeute peut avoir sa propre conception du soin et du traitement.

© D.R.


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