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Au Grand Trianon à Versailles :
De Gaulle en monarque chez le roi

Table du déjeuner donné pour le prince Philip, duc d'Edimburg, dans le salon des Glaces au Grand Trianon le 20 décembre 1966.

Gerard Bardy
Kiné actualité n° 1452 - 23/06/2016

C'est une page d'histoire contemporaine qui nous est proposée au Grand Trianon à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa restauration, en 1966, à la demande du général de Gaulle. Voyage parmi les géants de l'histoire, au temps de la grandeur de la France.

En ce temps-là, la France se voulait puissante et rayonnante. Dressée entre les deux blocs américain et soviétique, souveraine et indépendante, elle recevait les grands de ce monde avec un faste digne de l’époque royale pour traiter d’égal à égal. Tel un monarque républicain, Charles de Gaulle installait ses illustres visiteurs dans une aile du Grand Trianon. Et c’est pour pouvoir les accueillir comme il se doit qu’il a fait, à son propre usage, restaurer l’aile dite de Trianon-sous-Bois, à l’initiative de son ministre de la Culture, le fidèle André Malraux.

Si les chefs d’États étrangers étaient logés dans un cadre digne de la grandeur de la France, il fallait bien que leur hôte fut installé dans des conditions similaires…

En 1963, à l'initiative d'André Malraux, le général De Gaulle
décide de faire entièrement restaurer l'aile dite de Trianon-sous-bois.

De prestigieux invités
Après l’exposition “Le Grand Trianon, de Louis XIV à Charles de Gaulle”, qui a rencontré un grand succès l’an dernier, voici donc le second volet de l’histoire de ce lieu prestigieux. Tout commence en janvier 1963 avec le début de la restauration à l’identique de ce petit palais, alors en fort mauvais état. Les travaux dureront trois ans. L’aile accueillant les invités, comme celle à l’opposée, réservée au Général, seront remeublées en style Empire, de façon élégante mais sans luxe tapageur.

En vérité, le président y viendra très peu, mais son départ du pouvoir après le référendum de 1969 n’empêchera pas ses successeurs de s’en servir à leur tour. Les réceptions se déroulent dans les grands salons de Trianon et dans la jolie galerie des Cotelle. En parcourant les lieux, le visiteur marche dans les pas, entre autres, du président américain Richard Nixon, reçu en 1969, de la reine d’Angleterre Élisabeth II, accueillie en 1972 par Valéry Giscard d’Estaing, et du président russe Boris Eltsine, reçu en 1992 par François Mitterrand.

Le dernier visiteur de marque fut le président chinois Xi Jinping, invité en 2014 par François Hollande.

L’exposition retrace les enjeux de la restauration des bâtiments et raconte aussi l’effet produit alors dans l’opinion par le retour d’un président de la République dans les murs du roi.

Il fallait la dimension historique de de Gaulle pour se le permettre. Mais ses successeurs, y compris François Mitterrand qui avait eu la dent très dure contre cet acte jugé monarchique, ne se priveront pas, à leur tour, de profiter du prestige du Grand Trianon…

Voyage en France de Richar Nixon, président des États-Unis.

Une reconstitution à l’identique
Pour cette exposition, le Mobilier national a remis en place l’ensemble des meubles et accessoires tels qu’ils étaient en 1966 dans les sept pièces du rez-de-chaussée : un salon d’attente, un salon des huissiers, les deux bureaux des aides de camp, le bureau du général de Gaulle, le salon de famille et la salle à manger. Si la chambre avec les deux lits fabriqués sur mesure (en raison de la grande taille du Général) n’a pas été reconstituée, les cuisines du sous-sol peuvent être visitées. C’est là qu’étaient élaborés les menus des dîners de gala servis lors des réceptions officielles. Là aussi que les services secrets étrangers venaient tester les plats avant qu’ils ne soient servis aux chefs d’État ! 

Au-delà des objets exposés et de l’architecture élégante du Grand Trianon, cette exposition mérite le détour car elle témoigne du rôle important joué par le château de Versailles, et notamment par le Grand Trianon, dans la politique étrangère de la France depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, c’est-à-dire pendant un demi-siècle de jeux diplomatiques. Et toute cette période, ouverte par le général de Gaulle au lendemain de la Libération, avait su replacer la France aux premiers rangs de la scène internationale. 

Jusqu’au 9 novembre 2016
“Un président chez le roi – De Gaulle à Trianon”
78000 Versailles
www.chateauversailles.fr

© Christian Milet/château de Versailles
© Château de Versailles (dist RMN-Grand Palais)
© Archives nationales / Service français de la Présidence

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