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Au Grand Palais à Paris :
Tintin au musée

Hergé, Studios Hergé, Bruxelles, 1969.

Damien Regis
Kiné actualité n° 1461 - 13/10/2016

Nulle raison d'être étonné par la présence du plus célèbre des reporters sous les verrières du Grand Palais : Tintin est un monument de la culture populaire et il n'a pas pris une ride !

L’exposition consacrée à Hergé est un grand moment de bonheur. Dans l’instant, on essaye de deviner où peut se cacher ce bougre de capitaine Haddock pour fumer sa pipe. Et dans quelle salle les Dupond et Dupont vont nous livrer leurs commentaires. Je dirais même plus, on s’attend à voir surgir Milou d’une porte entrouverte et c’est bien la Castafiore que l’on cherche du regard au milieu des visiteurs...

Éclipsé par la notoriété mondiale de Tintin, la plus célèbre de ses créatures, le dessinateur belge Hergé, de son vrai nom Georges Rémi, est l’objet de cette exposition. C’est toute son œuvre qui est présentée au Grand Palais et pas seulement le célébrissime journaliste à la houppe. Hergé est à juste titre considéré comme le père de la bande dessinée européenne. C’est lui qui a eu l’idée de s’inspirer des histoires illustrées et des récits “à ballons” en provenance de France et des États-Unis. Avec près de 250 millions d’albums vendus à travers le monde et traduits dans une centaine de pays, il est le recordman incontesté du 9e art.

Maquette en bois de la fusée réalisée
pour la création des albums Lune.
100 x 50 cm.
Collection Studios Hergé.

Hergé et Tchang, rue Knapen, Bruxelles, 1934.
Fac-similé, 21 x 10 cm.
Collection Studios Hergé.

Des histoires inspirées de l’actualité
Collectionneur d’art contemporain et peintre à ses heures, Georges Rémi a d’abord rencontré le succès avec Les exploits de Quick et Flupke (1930) et Les aventures de Jo, Zette et Jocko (1935). Les aventures de Tintin ont pourtant été publiées, sans attirer l’attention, dès 1929 dans le supplément jeunesse du quotidien Le vingtième siècle. Il faudra attendre 1942 pour voir sortir chez Casterman les premières planches en couleur des Aventures de Tintin.

La machine à succès est lancée, même si Georges Rémi traverse une longue période de déprime, sans doute due aux accusations portées contre lui par ceux qui lui reprochent d’avoir travaillé dans la Belgique occupée.

Jusqu’en 1950, Hergé travaille seul, en artisan. Puis, le succès venu, il s’entoure d’une équipe de créateurs, de dessinateurs... mais c’est toujours de lui que vient l’idée centrale du récit ; une idée simple autour de laquelle il commence par bâtir toute une histoire. Souvent en tenant compte de l’actualité, comme dans Tintin au pays de l’or noir. C’est seulement après cela que l’équipe de création peaufinait le scénario et exécutait les planches, toujours sous l’œil vigilant d’Hergé qui intervenait sur le moindre détail.

De lui, on retient le caractère perfectionniste du dessin et le côté visionnaire. Rien n’est laissé au hasard.

Le trait est précis – la fameuse ligne claire – et les expressions des personnages réalistes. Milou qui pleure ou le capitaine Haddock qui fronce les sourcils ou pique une sainte colère ; on s’y croirait. Et que dire de Tryphon Tournesol, ce vieux savant distrait toujours égaré dans son monde... Les aventures du professeur Tournesol sera d’ailleurs l’un des plus grands succès d’Hergé.

Hergé, "Les aventures de Tintin,
reporter du Petit Vingtième au pays des Soviets".
Projet de couverture inédite, 1930.
Encre de chine,
gouache sur papier à dessin, 50 x 34 cm.
Collection Studios Hergé.
Hergé, "Les aventures de Tintin.
Objectif Lune". Couverture
du journal "Tintin"
publiée le 30 mars 1950, 30 x 21 cm.
Collection Studios Hergé.

Le temps du rêve et de l’aventure
Quant au côté précurseur d’Hergé, il est évident dans la plupart de ses œuvres, particulièrement dans Objectif Lune et On a marché sur la lune, ses 16e et 17e albums, publiés en 1953 et 1954. Celui qui a su créer le mouvement dans l’image fixe et à qui l’on doit d’avoir popularisé la bande dessinée a aussi eu le mérite de faire rêver toute une génération en la faisant voyager à une époque où le tourisme était réservé aux gens aisés. Tintin au Tibet, Le lotus bleu, Tintin au Congo ou encore Les cigares du Pharaon ouvrirent les portes d’un monde enchanteur aux enfants du baby-boom !

L’exposition, qui présente les sources, les personnages et les mécanismes de la créativité d’Hergé, ne raconte pas seulement l’extraordinaire destin du dessinateur belge. Elle nous emporte dans un imaginaire jamais très loin des réalités des années de l’après-guerre. Après les épreuves du feu et de mort revenait le temps du rêve, de l’aventure, du voyage et de la rencontre des autres. C’est l’un des messages essentiels de l’œuvre d’Hergé. Un très bon moment à vivre seul avec un zeste de nostalgie ou en famille pour faire découvrir aux plus jeunes tout un univers passionnant et subtilement artistique.

Jusqu’au 15 janvier 2017
Hergé
Musée du Grand Palais
3, avenue du général Eisenhower 75008 Paris
Tél. : 01 44 13 17 17 et www.grandpalais.fr

© Hergé/Moulinsart 2016
© Vagn Hansen - collection Studios Hergé
© D.R.

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