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Cela doit s'écrire !

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2017,0586:01 - 10/04/2017

Comment s’écrira la kinésithérapie du futur ? Fera-t-elle partie d’un traitement unique et personnalisé pour chaque patient ? C’est déjà presque une réalité : le patient est traité de façon individualisée en tenant compte de son mode de vie, de son environnement... Mais, contrairement aux thérapies dans certains domaines (la cancérologie par exemple), les spécificités génétiques et biologiques de la lésion ne peuvent être prises en compte et d’ailleurs, n’auraient actuellement aucune incidence sur les techniques kinésithérapiques employées.

La médecine du futur, elle, va s’écrire avec 4 « P ». Qualifiée de prédictive, personnalisée, préventive et participative, elle fera la part belle à la transdisciplinarité : chercheurs, ingénieurs, industriels, experts, médecins, ainsi qu’à l’implication des patients et des usagers. Tout ceci s’appuie sur les progrès de la génétique et de la biologie moléculaire et cellulaire. Le temps de la médecine traditionnelle qui interroge son patient, lui fait passer des examens, palpe le corps, etc., est peut-être révolu. La médecine, au cours du XXIème siècle, va appliquer des biocapteurs, enregistrer des données qui seront confrontées à des bases de données qui lui serviront, statistiquement, à identifier « la » maladie. Le futur sera plus précis.

Les concepts de la médecine des 4 P ont été développés notamment par Elias Zerhouni. Selon lui, il sera possible non seulement de décrire la susceptibilité d’un patient à une maladie (prédiction) et au traitement correspondant adapté (personnalisation), mais les progrès de la physique quantique et de l’informatique permettront aussi de « corriger » au niveau moléculaire, avant l’apparition de la pathologie (préemption, prévention).

Les résultats objectivables engageront les professionnels à conseiller un style de vie adapté (participation). Le kinésithérapeute va donc devoir conserver sa place et développer son rôle, en particulier dans l’éducation thérapeutique face aux pathologies chroniques qui se développent.

Médecine et kinésithérapie personnalisées ? Mais pas centrées sur l’individu. Le collectif sera de plus en plus impliqué puisque la transformation progressive de l’environnement, pour qu’il devienne plus sain, aura des effets bénéfiques dans le domaine de la nutrition, des transports. La santé dépend aussi du climat. Brûler moins d'énergies fossiles réduit par exemple les maladies respiratoires, encourager la marche ou le vélo réduit la pollution, les accidents de la route, l'obésité, le diabète et les maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité dans le monde (17 millions de décès par an selon l'Organisation mondiale de la Santé).

Les technologies qui modifieront l’usage et la pratique des soins médicaux existent déjà et sont prometteuses. La kinésithérapie se placera nécessairement dans les trajectoires nouvelles que prendront certains traitements. Sa contribution s’écrit aujourd’hui grâce aux travaux de recherche, qui devront s’intéresser aux effets, mais aussi aux corrélations que l’on peut établir face aux données plus précises que l’on mesure chez le patient.


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