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Qu’en est-il des GHT ?

Sophie Conrard
- 29 janvier 2018

Les groupements hospitaliers de territoires sont un nouveau mode de coopération entre les établissements publics de santé à l'échelle d'un territoire, prévu par la loi de santé de 2016. En gros, on ferme les petits établissements pour les regrouper en établissements plus importants. L'objectif est de "soigner mieux à moindre coût".

En pratique, "pour ces nouveaux maxi GHT, solution proposée par la loi Touraine pour faire des économies d’échelle, on regroupe jusqu’à 7 hôpitaux dans les mains d’une seule équipe gestionnaire. On est très loin d’une gestion de terrain partagée !", insiste le Dr Éric Henry. "On repart comme avec la T2A dans une logique de gestion très administrée, productiviste et écrasante."

Le problème, c'est que cette gestion va "faire exploser le système de soins français que nous connaissons et nous apprécions" en exacerbant la concurrence entre tous les acteurs sanitaires. "Pour pouvoir continuer à se développer lorsque la T2A disparaîtra, les GHT vont perdre des apports financiers qui étaient pour eux, auparavant, très simples à gagner. Exemple : pour un même acte libéral facturé 25 € chez un généraliste, la T2A permet actuellement de le facturer 250 € aux urgences, avec une CPAM qui solvabilise tous les actes cliniques, biologiques et techniques de façon aveugle. Avec les GHT, les gestionnaires vont chercher ailleurs de nouvelles ressources. Ils lorgnent déjà sur le pool des patients de soins primaires qui est suivi dans les cabinets libéraux de médecine générale !"

Alors que le cœur de métier de l’hôpital doit rester l’hospitalisation et/ou des consultations de spécialités techniques avec plateau, "cette concurrence entre hospitaliers et libéraux a déjà bien abîmé la médecine de second recours libérale. Si on veut développer une offre structurée et équilibrée pérenne pour notre pays, la concurrence sauvage n’aura pour effet que de faire fermer les cabinets libéraux généralistes existants, qui répondent pourtant très bien à la demande de soins dans des zones normodotées et surdotées".

Il n’y a que dans les territoires ruraux "oubliés de la République" que cette substitution et/ou une complémentarité avec l’offre en médecine générale libérale et hospitalière peut avoir lieu et être utile, selon le Dr Éric Henry. Comment ? "En contractualisant avec des médecins salariés hospitaliers mobiles devenus contraints et des médecins locaux toujours installés acceptant cette nouvelle offre de médecins salariés travaillant à leur côté." On créera ainsi une "nouvelle communauté de travail co-construite et non imposée, comme on l'a fait en 2012 avec les médecins volants de Belle-île-en-Mer".

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