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Une "opération vaccination" pour l'exemple

©Ayoub Benkarroum

Sophie Conrard
- 8 janvier 2021

Une quinzaine de professionnels de santé, dont des présidents de syndicats (FFMKR, CSMF, SML, CNSD, FNI...) se sont fait vacciner mercredi. Pour donner l'exemple à leurs confrères, mais aussi aux patients.



Cette opération de communication sur la vaccination s'est déroulée mercredi après-midi à l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois (93), à l'accueil des urgences. Si le ministre de la Santé, qui a fait une apparition, et plusieurs « médecins vedettes » (Michel Cymes, Marina Carrère d'Encausse, Axel Kahn, René Frydman...) ont été mis en avant par les médias grand public, l'initiative émane à l'origine de plusieurs syndicats de professionnels de santé libéraux, désireux de donner un coup d'accélérateur à la campagne de vaccination contre le coronavirus. « En tant que professionnels de santé, nous devrions être prioritaires pour la vaccination. Tous, quel que soit notre âge. Pour nous protéger nous-mêmes, mais surtout nos patients », insiste Sébastien Guérard, président de la FFMKR (qui était présent mais n'a pas pu être vacciné car il est âgé de 40 ans). Il a profité de l'occasion pour interpeller Olivier Véran sur le sujet : « Il s'est réfugié derrière les recommandations de la HAS... mais je rappelle qu'au printemps dernier, la HAS ne recommandait pas le port du masque pour se protéger de la Covid-19... », regrette le président de la Fédération, qui a pourtant été soutenu dans son discours par Axel Kahn.

Laurent Rousseau, premier secrétaire général de la Fédération, a pu se faire vacciner (photo ci-dessus). Lui aussi tenait à marquer le coup : « Il est évident que les troupes doivent être en bonne santé pour pouvoir prendre en charge les patients ! Les professionnels de santé doivent être prioritaires, au même titre que les autres professions les plus exposées », insiste-t-il. Par ailleurs, « nous avons un devoir d'exemplarité vis-à-vis de nos patients, dont beaucoup s'interrogent sur ce vaccin. Nous devons nous faire vacciner, et être très attentifs au discours que nous leur tenons, pour répondre à leurs interrogations et les rassurer ».

Il faut aussi savoir couper court à certains prétextes inventés pour refuser la vaccination. « Hier, un patient m'a expliqué qu'il avait peur de tomber sur un soignant qui lui pincerait la peau et le piquerait avec une aiguille trop courte... Il avait vu un reportage dans le 13h de TF1, la veille, qui mentionnait certains dysfonctionnements réels : Santé Publique France a en effet fourni à certains endroits des aiguilles trop courtes pour une injection intramusculaire, et les premières consignes éditées par le ministère de la Santé, en décembre, conseillaient de faire un pli cutané avant l'injection, ce qui est une erreur. » Ce genre d'informations suscitent le doute et la colère chez certains patients, « qui trouvent dans leur opposition à la vaccination un moyen de montrer leur mécontentement au gouvernement », regrette le kinésithérapeute.

Le vaccin est la seule option possible

C'est très regrettable, car « le vaccin est la seule solution pour lutter contre un virus comme celui de la Covid-19. C'est la seule option pour arriver progressivement à une immunité collective », insiste Sébastien Guérard. « Une grande majorité de mes patients ne sont pas opposés au vaccin mais préfèrent attendre que le vaccin ait fait ses preuves avant de se faire vacciner. Bien sûr, ce serait mieux de pouvoir l'éprouver pendant encore 2 ans avant de vacciner tout le monde. Mais en attendant, l'économie s'effondre, dans le monde entier. Alors que fait-on ? On continue d'attendre, ou on prend le risque (très limité) de voir certaines personnes subir des effets secondaires liés au vaccin ? C'est une question de balance bénéfices/risques. »

« Il n'y a pas d'alternative. Il n'y a que le vaccin qui puisse nous sortir de là. Nous l'avons fait pour inciter nos patients à y aller aussi », confirme le très médiatique Mychel Cymes. « J'espère que cela permettra de convaincre les 20 % de Français qui s'interrogent sur ce vaccin qui a été réalisé extrêmement rapidement et avec une technologie nouvelle : est-ce qu'il est utile, efficace et sûr ? Utile ? La question en se pose même pas. On ne peut pas attendre plusieurs années pour atteindre l'immunité collective. Efficace ? C'est certain. Les premières observations montrent qu'il est même plus efficace que d'autres vaccins. Il diminue notamment de 95 % les risques de développer une forme grave de la maladie. La seule inconnue, ce sont les effets secondaires à long terme. La balance bénéfices/risques penche clairement du côté des bénéfices ! », expliquait Marina Carrère-d'Encausse sur le plateau de BFM le 6 janvier. « Je suis très contente d'avoir participé à cette opération de sensibilisation. Je serais très heureuse si cela pouvait convaincre quelques personnes de se faire vacciner. » D'après un sondage révélé par BFM le 6 janvier, seuls 40 % des Français auraient l'intention de se faire vacciner.

Tous ces professionnels ont rendez-vous dans 3 semaines pour la 2e injection.

Cette opération de promotion de la vaccination a sans doute rendu service à Olivier Véran, passé « remercier les professionnels de santé qui se sont organisés pour se faire vacciner ensemble et montrer que la vaccination est une chance, pour les soignants et pour les Français ».

Opération vaccination à Dijon

Le 7 janvier, à Dijon, des représentants de 10 URPS, 7 ordres professionnels, 5 fédérations d’établissements de santé publics et privés et de l'ARS de Bourgogne-Franche-Comté s'étaient donné rendez-vous au CHU pour se faire vacciner. Eux aussi étaient désireux de marquer le coup et de participer ainsi à la lutte contre l'épidémie de Covid-19. « Nous sommes convaincus aujourd’hui que seule l’immunité collective que procure une large campagne vaccinale permettra d’éradiquer le virus », déclarent dans un manifeste la vingtaine de professionnels de santé qui se sont mutuellement vaccinés ce jour-là.

Source : www.infos-dijon.com

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