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Bronchiolite : le Conseil d'État rejette la requête de la FFMKR, qui dénonçait la recommandation HAS

©RyanJLane

Sophie Conrard
- 15 octobre 2021



Le 6 octobre, le Conseil d'État a rejeté la requête de la FFMKR qui lui demandait d'annuler la recommandation de bonne pratique de la HAS sur la prise en charge des nourrissons atteints de bronchiolite (Prise en charge du premier épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois). "Nous nous interrogions sur de nombreuses zones d’ombre, à la fois méthodologiques et sur les modalités de recrutement des experts" ayant élaboré cette recommandation, explique la Fédération.

La réponse est tombée après 1 an et demi d'attente. "Le Conseil d’État reconnaît que la HAS a manqué de sincérité dans la procédure en cachant l’identité du président du groupe de travail. Il reconnaît également que sa composition est déséquilibrée. Mais il a rejeté notre requête", regrette la FFMKR. "Par ailleurs, il mentionne dans son jugement que ces recommandations sont bâties selon un guide méthodologique qui n’instaure aucune règle et revêt seulement un caractère informatif sur la méthode suivie lors de l’élaboration de telles recommandations. Comment ne pas penser que le Conseil d’État a préféré ne pas tenir compte de l’ensemble des éléments dérangeants que nous avons présenté afin de ne pas déstabiliser une institution d’État ?", s'interroge la Fédération, "perplexe devant ce jugement".

Extrait de la recommandation :

« En l’absence de données, la kinésithérapie respiratoire de désencombrement bronchique n’est pas recommandée en ambulatoire. Il est nécessaire d’évaluer les techniques de modulation de flux en soins primaires par une étude randomisée et son impact sur le recours hospitalier. »

La FFMKR ne décolère pas : "Il est intolérable de réduire l’action des kinésithérapeutes, acteurs de santé publique, à une simple et unique technique de désencombrement bronchique dans la prise en charge de ces nouveaux nés, faisant fi de la surveillance, du conseil, de l’éducation à la santé et de tant d’autres choses, délivrées durant ces soins. Pour l’heure, ce jugement (qui préserve l’intégrité de la HAS) nous est imposé mais il doit nous faire réagir." La Fédération a donc décidé de mettre en place une étude randomisée, "indépendante et à la méthodologie irréprochable", sur l’efficacité de l’action des kinésithérapeutes dans le cadre de la prise en charge des bronchiolites du nourrisson (y compris l'éducation des parents, les conseils, la surveillance, etc.). Elle financera cette étude et y consacrera notamment le montant des nouvelles adhésions enregistrées d'ici la fin de l'année.

Elle invite l’ensemble des organisations professionnelles à se joindre à elle pour cette tâche, et rappelle que "les kinésithérapeutes contribueront encore, cet hiver, à accompagner des milliers de parents quand l’épidémie de bronchiolite, que le conseil scientifique Covid-19 annonce de grande ampleur, viendra fragiliser nos jeunes patients".

Les pédiatres inquiets

La saison de la bronchiolite a d'ailleurs démarré avec 3 semaines d'avance. C'est visible chez les pédiatres de ville, mais aussi aux urgences. Depuis début septembre, Santé publique France observe "une augmentation du nombre de passages aux urgences pour bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans avec des valeurs globalement similaires à celles d’avant Covid". Selon les premiers chiffres d’octobre, actualisés hier, "36 % des 1 278 enfants qui sont passés aux urgences ont été hospitalisés".

En Île-de-France, les 5 services de réanimation pédiatrique (qui représentent environ 70 lits) se disent débordés. L'ARS a réactivé les cellules de crise.

Il semblerait qu'après 18 mois à pratiquer assidûment les gestes barrière (port du masque, lavage des mains fréquents…), l'immunité des enfants soit moins importante. Certains pédiatres craignent donc une explosion du nombre de cas cet hiver.

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