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Négociations conventionnelles : la Cnam veut forcer les jeunes à exercer 3 ans en salariat avant de pouvoir s'installer en libéral

©Fokusiert

Sophie Conrard
- 7 octobre 2022

Une nouvelle séance de négociations entre l'assurance maladie et les syndicats de masseurs-kinésithérapeutes a eu lieu le 4 octobre. Les représentants de la FFMKR en sont ressortis dépités. À ce stade, pas question de signer.



S'il faut admettre que "quelques avancées sensibles ont été permises pour reconnaître le rôle des kinésithérapeutes, notamment en matière de prévention et de revalorisation (même si celle-ci demeure insuffisante après 11 ans de gel tarifaire), les discussions sur le volet démographique ont tourné court", raconte Sébastien Guérard, président de la FFMKR. En revenant sur le système de régulation démographique mis en place il y a quelques années sur le principe de l'incitation et le sens des responsabilités des professionnels, pour instaurer un système beaucoup plus contraignant et injuste, "la Cnam a renversé la table", estime-t-il.

Pour des raisons purement comptables (les caisses sont presque vides, pour être clair), la Cnam voudrait en effet limiter le nombre de kinésithérapeutes conventionnés. Elle propose donc de n'accorder l'accès au conventionnement aux jeunes kinésithérapeutes pour qui ce serait la première installation que s'ils exercent au préalable en tant que salariés, pendant 3 ans, dans un établissement ou un centre de santé. Pratique : du même coup, cela règlerait le problème de la pénurie de professionnels salariés. Sauf que "cette mesure est discriminante envers les jeunes qui ont supporté personnellement le coût de leurs études (50 000 € en moyenne) et doivent rembourser leur prêt étudiant", souligne Sébastien Guérard.

Les règles du jeu durciraient aussi pour leurs confrères déjà installés. La Cnam voudrait créer des zones dites "ultra dotées" dans lesquelles le conventionnement serait purement et simplement fermé. En d'autres termes, impossible de remplacer un kinésithérapeute qui quitte la zone ou part en retraite ! Les contraintes augmenteraient également dans les zones sur-dotées, sur le principe de 1 arrivée pour 2 départs (actuellement, 1 arrivée est autorisée pour 1 départ). "Ce virage coercitif est irrecevable, au moment où toutes les prévisions annoncent un accroissement des besoins en soins de kinésithérapie (entre autres) avec le tsunami des maladies chroniques et du vieillissement de la population." Sans compter que ces nouvelles règles du jeu "menaceraient la viabilité économique des cabinets multi-praticiens, dont les charges augmenteraient de façon très lourde en cas de départ d'un confrère, mettant en danger les associés restant", argumente le président de la Fédération, qui "en appelle donc au Gouvernement pour sortir ces négociations de l'impasse" et aider à "trouver un consensus acceptable en matière de démographie", qui ne "casse pas les jeunes".

Pour ce qui concerne "l'incapacité de la Cnam à proposer des revalorisations tarifaires suffisantes", la FFMKR suggère "d'ouvrir la possibilité aux kinésithérapeutes d'appliquer, dans certains cas, des compléments d'honoraires que les complémentaires pourraient prendre en charge. Sans quoi il deviendra inconditionnel de découpler le volet démographique de la négociation tarifaire actuelle, et de le renvoyer à un futur avenant".

La date de la prochaine séance de négociations n'a pas encore été fixée.

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