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Numérique en santé : François Braun présente sa nouvelle feuille de route

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Sophie Conrard (avec APM news)
- 25 mai 2023

Le 17 mai dernier, à l'occasion de la conférence de lancement de la nouvelle feuille de route du numérique en santé pour 2023-2027, François Braun et les 2 corresponsables de la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS), Rafaël Beaufret et Hela Ghariani, ont expliqué que l'enjeu était désormais de faire rentrer les services digitaux dans le quotidien des Français et des professionnels, après avoir, jusqu'à aujourd'hui, rattrapé le retard de la France en la matière.



"La première feuille de route nous a permis de rattraper un certain retard sur l'e-santé et d'impulser une dynamique collective ambitieuse" mais "la révolution que nous devons désormais réussir est celle de la systématisation et de la démocratisation des usages du numérique en santé, pour qu'il entre et se fasse une place dans le quotidien de nos concitoyens et des professionnels", a déclaré le ministre de la Santé. L'enjeu, dans les années à venir, est que ces derniers s'approprient les outils mis en place, en particulier Mon Espace Santé. "On sent aujourd'hui une certaine réticence de certains à s'accaparer ces outils, il va falloir accélérer leur formation", a observé Gérard Raymond, président de France Assos Santé. "Effectivement, ils s'approprient les outils de manière imparfaite. Nos services passent beaucoup de temps à les accompagner", a confirmé Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et l'organisation des soins à la Cnam.

Quels financements ?

La nouvelle feuille de route sera financée par "2 programmes d'investissements substantiels". D'abord, la vague 2 du Ségur du numérique, qui financera l'intégration dans les logiciels des professionnels de santé d'un accès à l'historique médical stocké dans Mon Espace Santé avec un volet (465 millions d'euros) pour l'équipement et un volet (210 millions) pour encourager les usages. Les fonds seront puisés par ailleurs dans la "stratégie d'accélération de la santé numérique", qui a été dotée de 770 millions d'euros dans le cadre du "Plan France 2030". Cette enveloppe permettra notamment de financer la formation des professionnels de santé.

La DNS a dévoilé une liste de 65 objectifs qu'elle s'est fixés dans le cadre de sa nouvelle feuille de route, qui portera sur la période 2023-2027. Si la première a permis "d'impulser une dynamique collective ambitieuse", a souligné le ministre François Braun, la deuxième vise une véritable "révolution" : "la systématisation et la démocratisation des usages du numérique en santé, pour qu'il se fasse une place dans le quotidien des usagers et des professionnels".

Les 65 objectifs sont répartis selon 4 axes prioritaires : la prévention, la prise en charge, l'accès à la santé et le cadre propice.

Le premier axe s'appuie largement sur Mon Espace Santé, que la DNS souhaite faire adopter "au quotidien" par les usagers comme par les professionnels de santé. Alors qu'aujourd'hui, 10 millions de documents y sont envoyés chaque mois, l'idée est de passer à 250 millions d'ici 6 mois et 400 millions d'ici fin 2026. L'objectif est aussi d'intégrer dans Mon Espace Santé les rappels des examens obligatoires et les conseils sur la santé de l'enfant d'ici la fin de l'année, ainsi que les comptes rendus et certificats de santé d'ici fin 2025.

Donner un nouvel élan aux professionnels

Le deuxième axe vise à "dégager du temps pour tous les professionnels de santé et améliorer la prise en charge des personnes grâce au numérique". Pour permettre aux professionnels d'accéder à l'historique de santé de leurs patients, le ministère "va ouvrir d'ici 2025 l'accès aux images de leurs patients via un lien dans le compte rendu d'imagerie". Afin d'améliorer l'intégration et l'ergonomie des services socles dans les outils des professionnels, la DNS, l'ANS et la Cnam vont expérimenter dès cette année un mécanisme de mesure de la satisfaction des professionnels de santé, notamment les libéraux, vis-à-vis de leur logiciel métier. Rappelons qu'à ce stade, les médecins de ville ont exprimé leur "insatisfaction" vis-à-vis des logiciels Ségur et boudent l'alimentation de Mon Espace Santé.

Le portail "Bouquet de services aux professionnels" sera lancé au deuxième trimestre 2024. Un peu avant, l'accès sera ouvert via Pro Santé Connect au DMP, à l'identité nationale de santé (INS), à l'ordonnance numérique et aux feuilles de soins électroniques. L'objectif est d'atteindre 1 million d'utilisateurs quotidiens d'ici 2027.

Dans le cadre de la cybersécurité, en 2027, les professionnels des établissements sanitaires et médico-sociaux disposeront de moyens d'authentification à 2 facteurs pour se connecter à leurs applications dites "sensibles". Enfin, le volet formation au numérique en santé sera renforcé et d'ici 2027, une formation sur ce thème devra être intégrée à l'ensemble des formations initiales du sanitaire, du social et du médico-social, pour 500 000 élèves.

Le troisième axe ambitionne "d'améliorer l'accès à la santé pour les personnes et les professionnels qui les orientent". Cela passera notamment par un renforcement de l'information avec, dès 2024, "un enrichissement de l'information sur l'offre de santé sur sante.fr", précise la feuille de route.

Un important volet sécurité

Cette question a été longuement évoquée par le ministre de la Santé le 17 mai. "Je refuse que nos hôîpitaux puissent être la cible privilégiée de pirates. Je refuse que les données de santé de nos concitoyens puissent être pillées et revendues par des cybercriminels", a-t-il martelé. "La cybervigilance doit être décuplée avec des moyens à la hauteur des enjeux", confirme la DNS dans sa nouvelle feuille de route. D'ici 2027, les établissements consacreront 2 % de leur budget au numérique, dont 10 % à la cybersécurité.

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