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Douleur : la SFETD présente ses priorités

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©Elena Kurkutova

Sophie Conrard
- 12 juin 2023

La Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) organisait le 8 juin un point presse pour présenter ses priorités dans le cadre du futur plan décennal pour la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs.



Annoncé le 3 avril par Emmanuel Macron, ce plan doit couvrir la période 2024-2034. "C'est avec une grande satisfaction que nous avons accueilli cette nouvelle parce qu'après plus de 10 ans d'attente, soit depuis le 4e plan douleur qui n'a jamais vu le jour, les mots 'prise en charge de la douleur' ont enfin été prononcés par notre président", a réagi la Pr Valéria Martinez, présidente de la SFETD.

La société savante a listé 3 priorités qui lui semblent "essentielles" : d'abord, répondre à un besoin d'accès urgent à certaines thérapeutiques comme l'analgésie intrathécale, "très peu accessible en France" à ce jour : environ 300 patients y ont accès, quand 3 500 en auraient besoin. Deuxième priorité : déployer des "actions de dépistage des patients à risque de douleurs chroniques". "Trop de patients sont en errance diagnostique et thérapeutique pour les douleurs déclenchées par des soins", a déploré la présidente de l'association, rappelant que certains traitements contre le cancer comme les chimiothérapies, les radiothérapies ou les chirurgies "peuvent laisser des séquelles douloureuses, notamment des douleurs neuropathiques, qui sont extrêmement intenses et invalidantes et compromettent considérablement la qualité de vie du patient". Cette réalité "doit être entendue et adressée de manière efficace", il y a "encore beaucoup à faire en termes de dépistage de la douleur, de prise en charge rapide et d'accès aux soins pour ces patients".

Troisième priorité pour la SFETD : améliorer la formation des médecins de la douleur, d'autant qu'un quart d'entre eux vont partir à la retraite d'ici 5 ans. "Face à cette problématique qui est commune entre la douleur chronique et les soins palliatifs, où le nombre de médecins est insuffisant pour répondre aux besoins croissants, il est important de réfléchir à comment en former plus et à l'opportunité d'en faire une spécialité de la médecine, une spécialité à part entière dans le cadre de ce plan décennal", a déclaré Valéria Martinez. Cela contribuerait, à terme, à "résoudre les problèmes d'attractivité et de pérennisation des structures douleur".

Les sociétés savantes et les collèges des enseignants, de la douleur et des soins palliatifs travaillent ensemble à la future maquette de formation et d'enseignement, de sorte à pouvoir proposer un diplôme d'études spécialisées (DES).

La nécessité d'une prise en charge globale et pluridisciplinaire

La présidente de la SFETD a par ailleurs rappelé que "la douleur chronique est une entité distincte", qu'elle "ne peut être réduite à un simple symptôme mais qu'elle doit être appréhendée dans sa globalité". Il s'agit d'une "maladie chronique, à part entière, qui nécessite une prise en charge complète incluant la prévention, l'accompagnement et le soulagement tout au long de la vie. (…) Nous nous battons pour qu'elle soit prise en compte tout au long de la vie et pas seulement lors des soins palliatifs". La société savante est "particulièrement sensible" à cette douleur qui "n'affecte pas seulement la santé mais aussi la vie professionnelle, sociale, affective des personnes, favorise l'anxiété", etc. et coûte cher à notre société.

Et alors que la Haute autorité de santé (HAS) a récemment proposé un nouveau parcours de soins pour les patients douloureux chroniques, la SFETD a pointé le besoin de moyens pour sa mise en œuvre, notamment une "valorisation des consultations de médecins généralistes en ville", mais aussi des moyens pour "tous les outils qui vont être mis en place autour de la télémédecine, qui va être à l'honneur pour faire le lien entre la ville et l'hôpital". "Il faut reconnaître ces actes et les financer", a plaidé Valeria Martinez.

La SFETD est par ailleurs mobilisée sur le bon usage des médicaments, en particulier ceux utilisés hors AMM pour traiter des patients douloureux chroniques, comme "le topiramate, un anti-épileptique utilisé en traitement de fond pour la migraine sur lequel des données récentes montrent un danger pour l'enfant à naître en cas de grossesse", a expliqué le Pr Nicolas Authier, psychiatre et pharmacologue au CHU de Clermont-Ferrand. Le tramadol et autres opioïdes sont également sous surveillance. "Nous sommes très attachés à l'évaluation bénéfices/risques de tous ces médicaments, surtout pour un usage hors AMM."

Une date à retenir

Du 22 au 24 novembre à Saint-Malo

Congrès annuel de la SFETD, ouvert à toutes les professions : médecins, kinésithérapeutes, infirmiers…

Thème : De la douleur aiguë à la douleur chronique : quelles nouveautés dans le parcours et la prise en charge ?

Rens. et inscription : www.sfetd-douleur.org

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