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Les médecins urgentistes sont de plus en plus favorables à accueillir des kinésithérapeutes au sein de leur service

©Pixavril

Sophie CONRARD
- 13 juin 2025

La présence de kinésithérapeutes au sein des services d'urgences serait pertinente et cette idée fait son chemin dans l'esprit des médecins qui travaillent dans ces services. C'est ce que montre une étude observationnelle transversale réalisée au CHU d'Amiens qui a été dévoilée le 5 juin, lors du congrès Urgences, à Paris.



Cette étude visait à évaluer les perceptions des médecins urgentistes quant à une intégration de kinésithérapeutes dans leur service. Tout le monde partage ce constat : le nombre de passages aux urgences ne cesse d'augmenter, provoquant souvent engorgement des services et des temps d'attente prolongés. Parmi les principaux motifs de consultation : des traumatismes et douleurs d'ordre musculosquelettiques, que les kinésithérapeutes connaissent bien. Certains pays comme l'Australie, le Canada ou le Royaume-Uni ont intégré les physiothérapeutes dans leurs services d'urgences, avec succès. La France reste à la traîne, malgré quelques expérimentations.

Le CHU d'Amiens a diffusé un questionnaire en ligne entre le 22 novembre 2023 et le 15 février 2024, à l'attention de médecins urgentistes diplômés et internes en médecine d'urgence exerçant en France (métropole ou DROM). Ils devaient répondre à 17 questions, évaluées sur une échelle de Likert à 5 points. Sur 420 réponses analysées, 98,1 % des urgentistes ont indiqué que les urgences françaises étaient en situation de tension chronique. Pas de surprise. Bonne nouvelle : 79,3 % d'entre eux se déclarent prêts à coopérer avec un kinésithérapeute aux urgences.

Interrogés sur les bénéfices de la présence d'un kinésithérapeute aux urgences, 76,4 % des urgentistes notent une amélioration de la qualité de la prise en charge, 75,7 % une plus grande satisfaction des patients. 65,7 % estiment que cela libère du temps médical et la moitié que cela fluidifie le fonctionnement du service. 74,5 % des répondants se disent prêts à confier au kinésithérapeute le diagnostic des suspicions d'entorse de cheville, 66 % celui des entorses de genou et 64,5 % celui des douleurs lombaires.

Concernant les missions qui pourraient leur être déléguées, 87,1 % des urgentistes citent l'éducation thérapeutique des patients, 72,4 % la réalisation de soins de kinésithérapie sur place et 64 % la fabrication ou la pose de plâtres et attelles. À noter que leurs avis divergent en fonction de leur statut et de leurs formations complémentaires : 73,6 % des internes pensent que le kinésithérapeute pouvait davantage fluidifier les services d’urgence, contre 44,7 % des séniors en poste depuis moins de 5 ans et 47,7 % des séniors avec plus de 5 ans d'ancienneté. 48,6 % des urgentistes formés en médecine du sport sont plus enclins à déléguer à un kinésithérapeute le diagnostic pour une douleur cervicale, contre 36,2 % des urgentistes non formés en médecine du sport.

Interrogés sur la formation nécessaire pour intégrer les urgences, 10 % des sondés pensent que la formation initiale des kinésithérapeutes suffit et 64 % estiment qu'ils doivent acquérir de nouvelles compétences.

Pour les auteurs de cette étude, le rôle des kinésithérapeutes aux urgences ne doit pas se limiter aux troubles musculosquelettiques mais couvrir aussi les champs respiratoires, vestibulaires, neurologiques, gériatriques.

À noter que Kinésithérapie la revue vient de publier un article sur le vécu des kinésithérapeutes en services d'urgences.

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