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Lombo-sciatique et kinésithérapie

Rachis et tronc

Les sources de douleur sont principalement les disques intervertébraux et les articulations entre les vertèbres (interapophysaires). Ces deux structures peuvent être victimes de dégénérescence (présence de fissures et de bombement au niveau du disque, arthrose). La douleur radiculaire, c'est-à-dire issue de la compression d'une racine nerveuse issue de la moelle épinière, est ressentie dans le membre inférieur.

Il est à noter que la plupart des patients ne présentent pas de signe positif aux examens complémentaires (radiographie, scanner) et que, s'il en existe, ces signes ne sont pas corrélés aux symptômes.

Les douleurs perçues par le patient qui dépassent la région fessière et pouvant aller "jusqu'au pied", sont de type "paresthésiques" (fourmillements), "hypoesthésiques" (endormissement d'une zone), et éventuellement associées à une "parésie" (perte de force).

Les symptômes sont fréquemment "changeants", augmentés par la flexion vers l'avant et les positions assises prolongées.

Un lumbago (douleur importante associée à une position penchée en avant ou à un "décalage" entre le bassin et les épaules sur le côté) peut être associé.

Le diagnostic médical a pour premier objectif d'éliminer la présence de pathologies rachidiennes graves grâce à l'interrogatoire et à d'éventuels examens complémentaires (radiographie, scanner…)

- fractures et instabilités vertébrales suite à une chute de sa hauteur ou d'une échelle par exemple ;

- présence de tumeurs ;

- présence d'infections rachidiennes (notamment du disque) ;

- présence d’une faiblesse musculaire, de troubles urinaires ou de l'érection (compression neurologique sévère possible, nécessitant une consultation hospitalière en urgence).

En dehors de la présence de ces signes le diagnostic est complété en pratique quotidienne par une approche palpatoire visant à détecter d'éventuelles raideurs ou contractures musculaires de la région lombo-pelvienne.

Le médecin peut être amené à prescrire des antalgiques (palier 1 (paracétamol par exemple) ou 2 (type Tramadol* par exemple) ainsi que des AINS et/ou des myorelaxants.

Sur prescription médicale, le kinésithérapeute va débuter son intervention par la réalisation d'un bilan visant à identifier le "profil" de la lombo-sciatique du patient :

- s'agit-il d'un épisode récent, voire aigu (douleur importante depuis quelques jours entraînant une limitation importante des activités) ? ;

- quelles sont les circonstances de survenue et quelle est la localisation des symptômes (face postérieure de cuisse, mollet, talon, face plantaire) ? ;

- la médication éventuelle est-elle efficace ?

- les activités socio-professionnelles du patient ont-elles une influence possible sur les symptômes (position assise, tâche répétitive "en force" de manutention ("soulevés")…) ? ;

- le problème est-il bien "mécanique" (douleurs au changement de position…) ? ;

- le patient présente-t-il un trouble de la "posture" de type effacement du "creux" du bas du dos notamment)

- confirmation de la non présence de signes cliniques de "gravité" (notamment la perte de force)

- recherche de raideurs articulaires, de tensions musculo-aponévrotiques, de faiblesses musculaires dans la zone lombaire et pelvienne (sans oublier la sangle abdominale) et test de mise en tension du nerf sciatique notamment.

Dans un deuxième temps, le kinésithérapeute va pratiquer des techniques entrant dans son champ de compétences visant à :

- libérer les structures rétractées (fig. 1 et 2) (massage a minima, techniques musculaires visant à libérer les tensions, mobilisation du nerf sciatique) ;

- renforcer les muscles qui se sont affaiblis, notamment lorsque les symptômes sont anciens (renforcement des spinaux et de la sangle abdominale) (fig. 3) ;

- entretenir par l'éducation thérapeutique.

Figure 1
Technique visant à libérer les tensions musculaires

Figure 2
Technique visant à mobiliser le nerf sciatique

Figure 3
Renforcement du plan spinal

© A. Cerioli

Pour limiter l'apparition et l'intensité  des épisodes, le kinésithérapeute va dispenser des conseils :

- ergonomiques (modification du positionnement assis notamment) (fig. 4) ;

- d'entretien de la mobilité (exercices simples en extension) (fig. 5) ;

- d'entretien de la tonicité musculaire (exercice de travail musculaire réalisé seul par exemple).

Figure 4
Correction de la position assise

Figure 5
Autotraitement en extension

© A. Cerioli

Cas d'une patiente de 40 ans présentant des symptômes évoluant depuis plusieurs mois au niveau de la face postérieure du mollet associés à une raideur lombaire douloureuse modérée, sans signe de gravité, pas d'activité physique régulière et examens complémentaires : type radiographie sans particularité.

L'examen clinique montre une raideur notamment "en extension", des tensions musculaires ainsi  qu'une faiblesse musculaire avérée (spinaux+++).

La stratégie conseillée consiste à libérer les tensions, notamment vers l'extension, et à renforcer les muscles. Les conseils seront axés sur l'automobilisation dans le même sens effectuée régulièrement dans la journée associée à des exercices de "tonification" musculaire.

Auteur : Arnaud Cerioli